« Marc-Aurèle ou la philosophie du chill : 4 conseils millénaires pour être en paix avec le monde »

Marc-Aurèle

Marc-Aurèle est un pionnier dans le domaine de la maîtrise de soi. En l’an 170, il est à la tête d’un des plus grands empires de l’Histoire (cinq millions de km2 à l’époque). De fait, il se lance dans la rédaction d’un manuscrit pour garder à l’esprit les principes d’une vie intérieure saine et équilibrée. En parallèle, il gère des dizaines de conflits militaires qui menacent l’Empire, une peste qui dévaste sa population et la mort de son co-empereur et gars sûr Lucius Verus. Devant ce flow qui a traversé les âges, nous avons décidé de vous transmettre ses principaux conseils, remis au goût du jour, pour garder la tête froide en toute circonstance.

“On se cherche des retraites à la campagne, sur les plages, dans les montagnes. Et toi-même, tu as coutume de désirer ardemment ces lieux d’isolement. Mais tout cela est de la plus vulgaire opinion, puisque tu peux, à l’heure que tu veux, te retirer en toi-même. Nulle part, en effet, l’homme ne trouve de plus tranquille et de plus calme retraite que dans son âme […]”

Qui a besoin d’une thalasso coûteuse ou d’une triste retraite en monastère pour trouver la paix ? Votre esprit est le seul sanctuaire dont vous avez besoin ; s’il y a un lieu où fuir le monde et l’agitation, c’est bien celui-là : personne pour vous y embêter, ouvert 24h/24-7j/7 (même en période de covid) et vous en êtes le seul propriétaire !

“Accorde-toi donc sans cesse cette retraite, et renouvelle-toi. Mais qu’il s’y trouve aussi de ces maximes concises et fondamentales qui, dès que tu les auras rencontrées, suffiront à te renfermer en toute ton âme et à te renvoyer, exempt d’amertume, aux occupations vers lesquelles tu retournes.”

Les conseils

Votre esprit n’est peut-être pas tout le temps un lieu paisible où il semble bon de se retirer. Nous connaissons tous ces moments où une joyeuse cacophonie règne dans notre tête. Pas de panique, nous dit Marc-Aurèle : pour que notre esprit reste en ordre, il suffit de se répéter ces quelques principes le plus régulièrement possible. 

Premier conseil : “Contre qui, en effet, as-tu de l’amertume ? Contre la méchanceté des hommes ? 

Reporte-toi à ce jugement que les êtres raisonnables sont nés les uns pour les autres, que se supporter est une partie de la justice, que les hommes pèchent involontairement, que tous ceux qui jusqu’ici se sont brouillés, soupçonnés, haïs, percés de coups de lances, sont allongés, réduits en cendres ! Calme-toi donc enfin.”

Ton voisin t’embrouille à cause de ta musique, que tu as pourtant baissée pour la troisième fois ? Ta coloc porte ton jean préféré ? Brandon est sorti avec Jessica dans ton dos alors que c’est toi qui étais sur elle depuis le début ? Dis-toi que si la vie en société n’est parfois pas un cadeau, elle fait partie intégrante de notre condition d’animaux sociaux : « deal with it » avec honneur et vertu et tu en sortiras grandi. Et si la rancœur ne te lâche pas, rappelle-toi qu’on meurt tous un jour et que devant la tombe, ces petites querelles du quotidien te sembleront dérisoires.

Deuxième conseil : “Mais peut-être as-tu de l’amertume contre le lot que l’ensemble t’assigne ? 

Rappelle-toi le dilemme : ou une Providence ou des atomes, et par quels arguments il a été prouvé que l’univers est comme une cité.”

C’est la vie que tu trouves trop injuste ? Plutôt que de t’insurger contre la « sociéter » (avec un grand R), garde en tête que l’univers a bien d’autres choses à faire que de s’acharner contre toi et que les malheurs qui t’arrivent ne sont rien d’autre que le fruit du hasard. Relève la tête et attends tranquillement que la roue tourne.

Troisième conseil : “Les choses du corps ont-elles alors fait mainmise sur toi ?

Considère que la pensée ne se mêle point aux agitations douces ou violentes du souffle vital, une fois qu’elle s’est recouvrée elle-même et qu’elle a reconnu sa propre force . Enfin, rappelle-toi ce que tu as entendu et admis sur la douleur et sur le plaisir.”

Tu es mis aux abois par un ulcère qui te fait souffrir ? Ou au contraire, tout ton être se consume de plaisir à l’écoute du nouvel album d’Aya Nakamura et tu t’indignes contre ce satané covid qui t’empêche d’aller zouker en boîte ? Retrouve l’équilibre en ton for intérieur : tu peux connaître douleur et plaisir sans que ton esprit n’en sois mis sens dessus dessous. Si tu préserves le cours de ta pensée des états incontrôlables de ton corps, tu pourras vivre ta vie intensément tout en conservant ton équilibre.

Quatrième conseil : “Mais peut-être sera-ce la gloriole qui te sollicitera ?

Jette les yeux sur le très prompt oubli dans lequel tombe toutes choses, sur le gouffre du temps qui, des deux côtés, s’ouvre à l’infini, sur la vanité du retentissement, la versatilité et l’irréflexion de ceux qui paraissent te bénir, l’exiguïté du lieu où la renommée est circonscrite. La terre entière, en effet, n’est qu’un point, et quelle infime parcelle en est habitée ! Et là, combien d’hommes, et quels hommes, auront à te louer !

Cette fois, tu déplores les 45 likes que tu as eu sur ton nouveau post IG alors que franchement, vu ton bronzage et tes abdos apparents, ça en valait bien 100 de plus ? La gloire n’est que vanité et même PewDiePie et Kylie Jenner seront tombés dans l’oubli dans quelques dizaines d’années. Au lieu de chercher à plaire à tout le monde, profite du temps qui t’es donné pour faire quelque chose qui compte ici et maintenant. L’univers est bien trop grand pour dédier sa vie à l’approbation superficielle et momentanée d’une infime partie de ses habitants.

Conseils finaux 

“Il reste donc à te souvenir de la retraite que tu peux retrouver dans ce petit champ de ton âme. Et, avant tout, ne te tourmente pas, ne te raidis pas ; mais sois libre et regarde les choses en être viril, en homme, en citoyen, en mortel. Au nombre des plus proches maximes sur lesquelles tu te pencheras, compte ces deux : l’une, que les choses n’atteignent point l’âme, mais qu’elles restent confinées au dehors, et que les troubles ne naissent que de la seule opinion qu’elle s’en fait. L’autre, que toutes ces choses que tu vois seront, dans la mesure où elles ne le sont point encore, transformées, et ne seront plus. Et de combien de choses les transformations t’ont déjà eu pour témoin ! Songes-y constamment. « Le monde est changement ; la vie, remplacement. »”

Pour conclure

Vous êtes désormais paré pour vous réfugier dans votre esprit à chaque fois que l’agitation du monde extérieur le rend nécessaire. Disposer de cette petite oasis intérieure vous permettra de vivre votre vie sur des bases stables, en gardant la tête haute à chaque instant, en restant bienveillant avec ceux qui vous entourent et en étant conscient que chaque jour doit être pleinement vécu. Oui mais voilà : tous ces conseils sont beaucoup trop longs pour le mini post-it que vous aimeriez accrocher au-dessus de vos wc. Pas de panique, vous pouvez vous en sortir en gardant à l’esprit les deux maximes suivantes : d’abord, que vous êtes le seul maître de votre esprit. Les événements extérieurs ne vous affectent que parce que vous le leur permettez. Ensuite, que dans la vie, tout change, tout est temporaire. L’existence n’est qu’un continuum de transformations successives. Profitez donc des bons moments comme s’ils étaient les derniers et ne désespérez pas des moments sombres : un jour, ils seront derrière vous.

Auteure: Juliette Dubost
Vice Présidente de Jeune Consulting

Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, Livre IV, pensée III, trad. Mario Meunier

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