« Valoriser l’échec comme moteur de rebond »

La  professeure  et  entrepreneuse  Leila Schwab  nous  livre  ses  principaux  éléments-clés !

La Professeure et Entrepreneuse Leila Schwab

Pourriez-vous nous parler de votre parcours dans l’entrepreunariat ?

“Actuellement, je suis la directrice d’un groupe composé de plusieurs entreprises. Il y a l’entreprise Schwab System, qui est l’entreprise de ma famille et elle est active dans le domaine de la construction de bois. C’est une entreprise qui compte environ 80 personnes et personnellement je m’occupe plutôt du développement stratégique de l’entreprise. Je dis toujours à mes équipes qui finalement si l’entreprise fonctionne aujourd’hui c’est grâce à eux et non grâce à moi.Puis, le groupe est composé de trois autres entreprises. La première est Locram qui est un bureau d’étude plutôt lié à Schwab System et donc au domaine de la construction. C’est du conseil dans ce domaine-là. Puis après, j’ai fondé l’entreprise Alyem qui est une entreprise de consulting dans l’aide au développement des entreprises. Finalement, la 4ème et dernière entreprise qui fait partie du groupe est l’entreprise Escape Infinity qui regroupe les compétences des trois autres entreprises. Escape Infinity crée, conçoit et construit des escapes games.Voilà en résumé l’activité actuelle de mes différentes entreprises. »

Quel a été votre parcours académique ?

“Alors j’ai fait le bachelor à l’EHL, pas du tout dans l’optique de reprendre l’entreprise familiale. J’ai commencé cette école par hasard car je suis allée à une journée portes ouvertes et je me suis dit que c’était génial et que je voulais faire ça alors qu’avant je faisais de la physique et des maths.

Puis, à la fin de l’EHL, j’ai fait un stage dans une entreprise familiale en Espagne, dans laquelle j’ai fait de la vente et pleins de trucs qui me plaisaient  beaucoup. Je faisais plein de choses qui étaient finalement assez similaires à ce que j’aurais pu faire si j’avais rejoint Schwab System. Cela m’a donné le déclic et j’ai rejoint l’entreprise familiale où à l’époque on était 15.

L’entreprise à commencé à grandir énormément et à partir de là il a commencé à falloir gérer beaucoup de choses et j’ai donc pris la décision de faire un master à Neuchâtel qui était dans le développement des affaires à l’international. Puis dans la foulée, j’ai un professeur de master qui m’a dit qu’il aurait une place de doctorante. De nouveau ce n’était pas prévu mais j’ai décidé de faire ce doctorat car j’avais envie d’enseigner. Donc voilà, j’ai un peu suivi les choses car elles se sont présentées. »

Quels sont selon vous les points-clés d’une réussite pour une nouvelle entreprise ?

L'entreprise Shwab System

“Il y a quelque chose que j’ai remarqué et qui est absolument important, c’est que les gens aient du plaisir dans ce qu’ils font. N’importe qui à n’importe quel poste doit faire quelque chose qui lui fait plaisir car on passe des centaines d’heures au travail et si on n’a pas  un minimum de plaisir alors au bout d’un moment on n’accomplit pas les mêmes choses. Ce qui est intéressant aussi, c’est que pour n’importe quelle tâche il y a toujours quelqu’un qui a du plaisir à faire cette chose. Souvent au début, si je n’aimais pas forcément faire une tâche alors je n’aimais pas déléguer car je me disais que ce n’était pas cool de déléguer quelque chose que moi je n’aimais pas faire.

« c’est que pour n’importe quelle tâche il y a toujours quelqu’un qui a du plaisir à faire cette chose. »

Puis avec le temps, je me suis rendue compte qu’autour de moi il y a des tas de gens qui sont extrêmement compétents et qui ont un plaisir fou à s’occuper de ces tâches. Donc ce sont toutes des tâches que petit à petit j’ai appris à déléguer. C’est juste un exemple mais c’est valable pour absolument tout et je suis absolument convaincue que la réussite d’une entreprise est liée au fait que les gens peuvent faire des jobs qui leur plaisent.

Du coup, dans cette logique, j’ai arrêté de créer des postes avec une fonction et un cahier des charges. Maintenant ce qu’on fait dans le groupe c’est qu’on a tout segmenté, on a fait pleins de petits rôles et à chaque fois qu’il y a un nouveau projet on demande qui veut prendre quel rôle et chacun au sein du groupe prend les rôles qui lui plaisent. Donc je peux avoir quelqu’un qui fait de la finance 80% du temps et qui 20% du temps va écrire des scénarios pour une escape room car il a du plaisir à faire ça. Si on a une espèce de gros terrain de jeu avec plein de flexibilité et plein de gens qui peuvent faire ce qu’ils ont envie de faire alors je pense que c’est vraiment une des clés de réussite pour qu’une entreprise marche.”

Pourquoi une bonne gestion d’entreprise est-elle si importante et primordiale ? 

Shwab System Company

Je vous ai beaucoup parlé du plaisir au travail car à mon avis c’est ce qui fait que l’entreprise fait des feux d’artifice au bout d’un moment mais pour en arriver à ce degré-là il faut évidemment que l’on ait un socle qui soit solide. Il faut que l’entreprise soit capable de rapporter de l’argent et pour ça on a besoin de structure et de fondations qui soient solides.Je pense que justement, la gestion ce sont ces couches de fond de l’entreprise dans lesquelles on structure les choses, on les standardise, on essaie d’optimiser tout le temps pour être le plus efficace possible

Ce n’est pas parce qu’on structure, qu’on optimise, qu’on devient efficace, que l’on n’a plus de plaisir dans ce que l’on fait, au contraire je pense que l’un n’empêche pas l’autre car s’il n’y a aucune structure, aucune standardisation, ce serait difficile d’avoir du plaisir. Il faut donc réussir à combiner les deux,  la gestion est primordiale et d’autant plus après quand l’entreprise grandit.

Car quand vous êtes tout seul, on arrive à gérer les choses sans beaucoup de structure mais dès le moment où vous grandissez vite, si on ne structure pas et qu’on ne devient pas un peu méthodique, on n’y arrive pas.

Donc c’est surtout pour ça que la gestion est primordiale. Parfois on doit mettre un cadre avec des règles et tout d’un coût on se rend compte qu’on peut l’enlever car chacun a gagné en professionnalisme et en autonomie. Je pense que la vie d’une entreprise c’est un peu la même chose, quand elle grandit on a besoin d’un certain cadre au départ et ensuite on remarque que tout le monde est prêt à ce qu’on enlève ce cadre et chacun peut s’épanouir beaucoup plus.”

Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés durant votre parcours et comment y avez-vous fait face ?

“Déjà un obstacle est quelque chose de très relatif parce que souvent on le considère comme un obstacle tant qu’il est devant nous et une fois qu’on l’a passé on se dit que c’était plutôt une chance. J’ai remarqué que chaque fois que j’ai rencontré un obstacle, une fois que j’avais réussi à le surmonter j’en suis sortie beaucoup plus forte et les entreprises aussi et derrière on a été bien meilleures. Donc c’est un peu une philosophie, une approche japonaise qui dit que chaque difficulté est une chance car en fait elle va derrière nous permettre de faire quelque chose de mieux.

Pour répondre à la question, je dirais qu’il y a deux choses qui ont été difficiles à gérer pour moi. La première était d’accepter le fait qu’entre les idées que j’ai, que je visualise, et le moment où elles matérialisent, cela prend du temps. C’est normal mais ça a toujours été quelque chose de difficile à gérer et j’estime qu’il faut apprendre à gérer cela pour ne pas être trop frustré.

Puis, la seconde chose que je trouve n’est pas facile dans la gestion d’entreprise c’est le doute. Le plus difficile c’est quand vous ne savez pas, quand par exemple vous avez un projet qui va peut-être se faire mais vous n’avez pas encore la signature. Parce que quand vous avez un refus, ce n’est pas grave, il y aura d’autres occasions. Mais le plus dur c’est les moments d’attente où vous ne savez pas où ça va aller et dans ces moments-là il faut être confiant, solide, se réaligner avec soi-même et avoir confiance en nous et en l’équipe. Très souvent après des périodes de doute comme ça, tout à coup tout s’aligne, tous les projets arrivent en même temps, plein de choses se valident. Mais ces moments-là ne sont pas faciles car l’incertitude c’est à mon avis plus difficile à gérer que beaucoup de travail. Quand on grandit on ne peut pas toujours savoir exactement où l’on va aller, il faut se faire à cette idée. C’est un obstacle mais une fois qu’on l’a passé on ne le voit plus comme un obstacle car ça vous a renforcé et vous êtes mieux armés pour le futur.”

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui désirent se lancer dans l’entreprenariat ?

“Je pense qu’on parle beaucoup dans l’entreprenariat qu’il faut avoir l’idée, trouver le concept qui va marcher, et tout ça c’est vrai mais je pense qu’en fait on ne parle pas assez souvent de l’attitude à avoir en tant qu’entrepreneur. Parce qu’un entrepreneur, pour moi, c’est vraiment quelqu’un qui doit fédérer les équipes, il faut que les gens aient envie de se mettre dans la même ligne et de croire en cette ligne pour avancer tous dans ce même sens. Je pense que l’un des rôles primordiaux d’un jeune entrepreneur est d’avoir confiance, d’avoir cette ligne, de sentir qu’elle est juste et de la suivre peu importe les obstacles. Je pense qu’un entrepreneur, quoi qu’il se passe, doit conserver cette ligne et surtout dans les moments de difficulté parce que c’est là qu’il faut rassembler tout le monde et les guider. Je pense que quand on arrive à faire ça, après il n’y a plus rien qui fait peur.”

Réalisé par Valentin Stucki

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