De la sous-représentation au sexisme structurel : la discrimination des femmes à l’Université
Marie Sautier ouvre le bal en dépeignant le monde de la recherche universitaire comme un milieu majoritairement masculin et ce, particulièrement en Suisse. Par quoi se traduit donc ce phénomène ? Cela s’explique tout d’abord par la masculinisation des disciplines académiques les plus valorisées socialement, comme les mathématiques ou l’ingénierie. Ensuite, la doctorante de l’Université de Lausanne avance le fameux plafond de verre : dans le monde académique suisse, plus les échelons sont élevés, moins on y rencontre de femmes.
Remédier à ce problème de sous-représentation demande d’en comprendre les mécanismes. Morgane Wüthrich, membre du bureau pour l’égalité à l’Université de Neuchâtel, soutient que le phénomène ne peut être attribué à un manque d’investissement professionnel de la part des chercheuses. Bien plutôt, c’est le niveau organisationnel qui est en cause : le cadre de travail dans le monde académique encourage la mise à l’écart des femmes au travers d’un sexisme structurel. Des mesures sont généralement prises pour aider les victimes dans les universités suisses, comme l’UniNe présentant un plan d’action d’envergure pour lutter contre le sexisme au sein de l’institution. Ce dernier passe par une politique de tolérance zéro, le développement d’une cellule de médiation externe, la création d’un site web dédié et le lancement de la campagne #UNIUNIE contre le harcèlement. Pour ce qui est des causes de ce sexisme, elles semblent se situer au-delà des murs de l’Université, au sein-même de notre organisation sociétale…
Entre vie de famille et vie professionnelle : la lourde responsabilité des femmes dans le schéma traditionnel suisse
La sous-représentation des femmes concerne également la vie économique : le monde de l’entreprise suisse ne compte en moyenne qu’un quart de femmes et bien moins dans les postes de direction. Pour Françoise Piron, directrice de ÈRE3, une entreprise de conseil innovante dédiée à la sensibilisation des entreprises aux questions d’égalité et de mixité hommes-femmes, c’est le schéma familial suisse qui est en cause. Traditionnellement, la femme est le pilier de la vie de famille suisse. Conséquence de quoi, après les premières naissances, la plupart des femmes réduisent significativement leur temps de travail professionnel. En plus d’être social, le problème est aussi politique et économique : le salaire de ces dernières est gravement affecté par leur départ en congé maternité et le coût de la prise en charge des enfants est si élevé qu’il est parfois plus rentable pour le foyer que la femme stoppe toute activité professionnelle pour se dédier à l’éducation et au soin des enfants.